Afin de mieux comprendre comment fonctionne l’association La Halte, qui agit en collaboration avec la mairie de Mortagne, nous avons rencontré des salariés du service social de la mairie.
De combien de personnes est composée l’association La Halte ?
L’association est composée de bénévoles du secours catholique. Il y a une dizaine de couples qui se relaient tout au long de l’année. Un couple est responsable chaque semaine. Les personnes bénévoles qui sont responsables pour la semaine entretiennent le local et fournissent, sur la demande du errant, un repas le soir.
Comment fonctionne la collaboration entre l’association la Halte et la mairie ?
Tout se passe très bien. Quand un errant arrive, on tient un registre des demandes : celles-ci sont nombreuses mais on ne peut donner suite à certaines car il n’y a qu’un seul local sur tout le canton. On a la liste des bénévoles avec le planning des permanences et quand un errant arrive on appelle le couple de permanence par téléphone. Généralement ils le savent et ils se rendent très vite disponibles pour venir ouvrir le local à la personne qui est arrivée. Normalement l’inscription est valable pour trois jours maximum mais comme le week-end, la mairie est fermée, s’ils arrivent le jeudi, ils peuvent rester quatre nuits. Normalement entre deux séjours il faut respecter un mois de délai. Les errants ne peuvent venir qu’une fois par mois afin de donner la possibilité à plus de monde d’utiliser le local. On voit souvent les mêmes. Il y en a qui calculent et qui reviennent juste un mois après.
Si vous avez plus de demandes que de places que faites-vous ? Êtes-vous en contact avec d’autres services ?
Le 115 nous appelle régulièrement pour savoir si nous avons une place. Nous, nous appelons les Herbiers ou le Longeron pour savoir s’ils peuvent accueillir. Le problème c’est qu’ils peuvent avoir de la place au moment où l’on appelle mais après, c’est le premier arrivé qui a le logement… ce n’est pas évident pour eux de se déplacer…ils sont généralement à pied, parfois à vélo et les temps de trajets sont variables…
Êtes-vous la seule commune de la Communauté de Communes à proposer ce service ?
Oui, Malheureusement. Avant il y avait un logement à Saint Laurent mais il a été fermé il y a quelques années.
Combien de personnes pouvez-vous accueillir au maximum ?
Exceptionnellement, un couple, mais c’est rare, c’est plus souvent une personne seule. Le logement est prévu pour une personne seule mais nous avons rajouté un matelas qui est à disposition pour dépanner quand ils sont deux.
Et des familles, en accueillez-vous ?
Non, le local est trop petit et ce n’est pas le but. Une famille normalement ne vit pas sur les routes. Si une famille est dans le besoin (maison incendiée par exemple) on peut être amené à les reloger mais dans ce cas c’est soit dans un gîte que nous prêtons, soit à l’hôtel pendant quelques jours (nuitées que nous finançons).
Quelles sont les heures d’ouverture de la Halte ? Est-elle ouverte toute l’année ?
Elle ferme pendant les mois d’été (juillet et août)
Après les avoir logés les aidez-vous à sortir de la rue ?
Non, ils ne font que passer…on n’a pas le temps de travailler avec eux sur leur situation. On peut leur conseiller d’aller voir une assistante sociale mais c’est tout !
Qui paye les charges du logement ?
La commune prend en charge les frais tels que l’eau, l’électricité…
Quels sont les avantages de loger les sans-abris ?
C’est pour le bien-être de ces personnes. La commune n’a aucun avantage, ça prend du temps et de l’argent. Parfois c’est même compliqué pour nous qui les accueillons…quand il n’y a pas de place, on est parfois confronté à des gens agressifs… Le but c’est d’aider des gens en difficulté.
Qui sont les errants qui viennent à Mortagne ?
La plupart du temps ce sont des hommes. Actuellement nous n’avons qu’une femme qui fréquente le logement. La tranche d’âge varie mais on trouve qu’ils sont de plus en plus jeunes. Ce sont des gens qui sont coupés de leur milieu familial. Il y en a qui sont mis à la porte de chez eux à leur majorité et il faut qu’ils se débrouillent… Ils ont entre 18 ans et … parfois l’âge de la retraite…
Le monsieur qui est là aujourd’hui, et que nous avons vu, vient depuis 15 ans. Quand ils viennent régulièrement, ils sont habitués et ils sont sympas.
Souvent ils ont besoin de parler, ils recherchent des gens pour communiquer. Pour les aider au niveau de l’alimentation il y a aussi l’épicerie solidaire qui intervient.
Quels sont vos besoins ? Que peuvent faire les citoyens ?
Le local vient d’être refait donc c’est propre et bien aménagé.
Ce qui manque ce sont des bénévoles. Il y en a toujours besoin. Il faudrait que les citoyens s’engagent. Comme l’équipe est constituée de retraités, parfois ils ont des soucis de santé et arrêtent, on manque toujours de bénévoles.
Si des gens sont intéressés, il faut qu’ils s’adressent au secours catholique ou au CCAS pour proposer leur service.
Vous pouvez nous expliquer ce qu’est le CCAS ?
Au début c’était plus la gendarmerie qui s’occupait de l’accueil des errants. Depuis quatre ans, ça passe par la mairie uniquement. C’est une décision des élus qui a demandé au CCAS de s’occuper des sans-abris. Le CCAS c’est le Centre Communal d’Action Social.
Le CCAS fonctionne comme un conseil municipal pour venir en aide aux gens dans le besoin. Il a une mission de prévention et d’aide. Dans le conseil municipal, il y a une commission solidarité qui réfléchit à comment aider les gens en difficultés.
Quelles autres actions solidaires le CCAS gère-t-il ?
Au cours de ce mandat a été mis en place un système de déplacement solidaire pour les personnes qui n’ont pas de moyens de transport ou les personnes qui ne peuvent plus conduire parfois momentanément. On a une liste de chauffeur bénévoles. Les chauffeurs remplissent un dossier et sont inscrits au CCAS. Notre service communique la liste des chauffeurs aux gens qui sont isolés. Les personnes véhiculées paient un prix horaire au chauffeur. Ils peuvent faire des trajets pour des courses, des consultations médicales, des visites à la famille…
Là encore c’est du bénévolat, mais c’est uniquement sur Mortagne. C’est quelque chose qui se développe dans nos communes rurales.
On met aussi en place des formations informatiques pour des groupes de personnes.
C’est également le CCAS et la mairie qui étudient les dossiers des familles qui peuvent prétendre à aller à l’épicerie solidaire gérée par le secours catholique.
Reportage réalisé en Mairie de Mortagne par :