Collège Olivier Messiaen

Mortagne Sur Sevre

Vendée
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La création du collège Olivier Messiaen : septembre 1988

Le collège fête ses 30 ans, les élèves de la classe Projet Éducation aux Medias ont rencontré une dizaine d’anciens parents qui avaient œuvré à la création du collège dans les années 80.

Ils ont recueilli les témoignages des parents qu’ils nous retranscrivent ici.

L’historique :

Dans les années 80, il n’y avait pas de collège à Mortagne et les enfants étaient scolarisés soit dans un collège privé à St Laurent (St Gabriel) soit dans un collège public à Cholet (Trémolière ). Les élèves devaient prendre le car très tôt ( ils avaient un long trajet en bus et se levaient à six heures du matin) ; les communes des alentours de Mortagne connaissaient les mêmes désagréments et les parents étaient contraints dans leurs choix d’établissement pour scolariser leurs enfants.

Le collège le plus proche était privé, mais les gens n’avaient pas forcément les moyens de le payer. Alors ils allaient au collège public le plus proche, à Cholet et donc dans un autre département.

Les Arguments :

– Il fallait un collège public dans le Canton (composé de 12 communes) car il n’y en avait pas.

– Les enfants devaient être scolarisés plus près de chez eux et faire moins de temps de trajet.

– L’enseignement public devait être accessible à tous.

– Tous les enfants devaient êtres égaux et pouvoir choisir leur école.

L’idéologie défendue par les parents des élèves à l’origine du collège était donc :

– une école accessible à tous

– la même éducation pour tous

– le choix de scolariser leurs enfants dans des écoles publiques ou des écoles privées.

Soutiens, oppositions et difficultés rencontrées :

Les communes environnantes étaient réticentes, contre cette idée. Les élus pensaient qu’il y avait assez de collèges pour les enfants, et que les écoles et collèges publics offraient un enseignement de moins bonne qualité.

Quelques mois avant la décision de construire le collège, en 1986, il y a eu la loi de décentralisation qui modifiait les règles de financement des collèges : elle obligeait les communes, concernées par la carte scolaire, à financer à hauteur de 25 % les coûts de réalisation des établissements. Il y a eu alors 10 maires qui n’étaient plus d’accord pour défendre ce projet mais le maire de Mortagne, M. Brosset (également Conseiller Général à l’époque), avait compris dès 1975 que la demande des parents d’élèves était justifiée et il a rapidement changé d’avis et a soutenu le projet.

M. Brosset a réservé un terrain au cœur de la ville, destiné à la construction du collège

C’est en 1986 que le comité a organisé une manifestation lors de l’inauguration du viaduc et que les élus se sont alors rendus compte qu’il y avait beaucoup plus de personnes à soutenir ce projet que ce qu’ils pensaient.

Organisation du comité de pilotage :

Les premiers parents mobilisés pour un collège à Mortagne étaient des parents délégués du collège de Trémolière à Cholet où étaient scolarisés beaucoup de jeunes Mortagnais.

De 1975 à 1986 l’engagement des parents d’élèves qui se sont relayés a consisté en une suite d’actions administratives et de rencontres pour convaincre toutes les instances (des maires jusqu’au ministre!)

Entre 20 et 30 personnes mobilisées se retrouvaient régulièrement. Chacun avait une tâche en fonction de ses compétences. « Toi, tu sais faire ça ? Alors fais le ! ». Roger Guchet (responsable du comité de 1983 à 1988) s’occupait des contacts, Michel Rousselot modérait les discussions, Jean Paul Sorin du matériel, Jean Luc Goisneau des aspects techniques et administratifs (en tant qu’enseignant il avait une connaissance précieuse du milieu de l’éducation), Emile Ravon s’occupait des finances…

«Toutes les décisions du comité de pilotage résultaient d’un travail d’équipe où chacun exprimait son point de vue » précise Roger Guchet

Les parents du comité ont fait du porte-à-porte pour recueillir les intentions des parents : ils demandaient le nom, l’adresse, le nombre d’enfants et leur âge. Ils devaient surtout répondre à la question suivante « Si le collège ouvrait demain, seriez-vous prêts à y inscrire votre enfant ? »

Les démarches :

La première période de mobilisation des parents a eu lieu en 1975 afin d’améliorer les transports vers les collèges publics. Déjà l’idée de la construction d’un collège à Mortagne était émise.

Le comité de parents a cherché à sensibiliser la population au besoin d’un collège :

– mise en avant des conditions de vie difficiles des élèves avec une exposition à la salle de la cave.

– démarches auprès des mairies.

– enquête auprès de nombreuses familles pour fournir des chiffres fiables.

Suite aux premières pétitions, le groupe reçoit la réponse suivante de l’administration :

« une pétition ne veut rien dire on peut faire signer des chats et des chiens… »

Des contacts réguliers ont été pris avec la mairie, le canton, le département et l’académie de Nantes. Monsieur Guchet a encore tous les courriers qui ont été envoyés et leurs réponses.

Les parents avaient aussi organisé des inscriptions fictives sur le lieu même où est actuellement le collège.

C’est en 1987 que l’on a su que le projet allait aboutir : la grande manifestation lors de l’inauguration du Viaduc portait ses fruits. En effet, le comité avait organisé une manifestation qui partait de la place de la Mairie jusqu’au viaduc avec les enfants à pieds ou en vélo et avec des banderoles… Une 4L avec une sono proclamait des slogans. Suite à cette grande manifestation, où étaient présents le Préfet M. Tracou, M. De Villiers et M. Retailleau (nommé médiateur dès 1983). « M. Retailleau a tenu ce poste avec une grande objectivité et une grande honnêteté intellectuelle envers le comité. Il a sans aucun doute contribué à l’avancement du projet » souligne M. Guchet.

Pourquoi le choix de la commune de Mortagne ?

Tout d’abord, la commune de Mortagne était Chef lieu de Canton.

A Mortagne il y avait un terrain proche du centre ville qui était utilisé pour faire brûler le char de la mi-carême. Ce terrain qui appartenait à la commune a été choisi pour construire le collège car il était bien situé et au milieu de la ville. Mortagne était une des plus grandes communes et il y avait déjà de nombreux services publics proches (pompier, gendarmerie, mairie, trésor public …).

De plus, la commune de Mortagne acceptait d’investir et de fournir des aides financières pour ce projet.

Ce site a été choisi car les élèves pouvaient avoir accès aux salles de sport situées juste à coté sans prendre de bus.

L’ouverture du collège en septembre 1988…

A l’ouverture de l’établissement, il y avait 274 élèves mais au bout de deux ans, l’effectif a tellement augmenté qu’il a fallu envisager un agrandissement. Au départ, il y avait une vingtaine d’élèves par classe et seulement deux classes de 3°.

Le premier principal s’appelait M. Fréville. Pour que la rentrée de septembre se passe au mieux, il a fallu une ultime action des parents d’élèves afin d’obtenir l’aménagement de la salle de Physique et la nomination rapide de tous les professeurs…

Tous les membres du comité de création ont fait partie des parents d’élèves du nouveau collège : « ils avaient ce besoin de continuer à se réunir, de continuer à agir ensemble après la création du collège. »

Au départ il n’y avait pas de bus pour Evrunes et le département ne voulait pas en entendre parler car par les bords de Sèvre, le bourg d’Evrunes étaient à moins de trois kilomètres du collège. Mais par la nationale, il y avait plus de 3 kilomètres alors ils ont obtenu une ligne de bus !

Quels ont été les sentiments des parents mobilisés à la création du collège ?

A l’ouverture du collège, les parents étaient heureux et soulagés d’avoir pris l’initiative de créer le collège de Mortagne. La population Mortagnaise étaient heureuse même si certains étaient surpris de cette réussite.

Finalement, un an après l’ouverture, plusieurs familles ont retiré leurs enfants du privé pour les mettre au collège public de Mortagne.

« On était fier, c’était le résultat de plusieurs années d’investissement. Mais après on voulait prouver que l’on avait eu raison. On ne voulait aucun dérapage (gestion des élèves, réussite aux examens…). » Le premier principal nommé a beaucoup travaillé en lien avec les parents et a su imposer un cadre idéal pour créer une ambiance de travail.

Les anciens parents ont toujours une certaine « fierté » de leur action et le collège a su se créer une notoriété et contribuer à la réussite des élèves. Il accueille aujourd’hui beaucoup de jeunes de tout le canton.

Ils ont le sentiment d’avoir fait quelque chose d’utile.

En conclusion…

C’est une belle réussite. Dans les années 1990-1995, l’effectif a même dépassé les 600 élèves.

Aujourd’hui les anciens parents ont envie de rendre hommage à ceux qui se sont battus, à ceux qui sont à l’origine d’un collège qui a fait ses preuves.

« C’est une grande joie, aujourd’hui, 30 ans après, de voir que des gens s’intéressent à l’histoire du collège et s’empare de cet anniversaire. » concluent nos invités d’un jour.

Réaction d’un élève :

J’ai apprécié l’interview de mardi après midi. J’ai appris beaucoup de choses sur l’origine du collège, les difficultés qu’ont rencontrées les parents, les obstacles qu’ils ont franchis, les démarches qu’ils ont utilisées pour qu’en septembre 1988 le collège Olivier Messiaen voie le jour à Mortagne sur Sèvre. J’ai été surpris par leur détermination (des années 1975 à 1988) et je les félicite car sans eux tout cela n’existerait pas.

Thomas

Un grand merci à toutes ces personnes qui se sont déplacés au collège et qui ont donné de leur temps pour répondre à nos élèves :

Roger Guchet

Michel Guillier

Jean-Claude Retaillaud

et Yannick Augereau

Joel Voyau

Maurice Neau

et Thérèse Rousselot

Lors de la rencontre, Roger Guchet a aussi évoqué aussi les noms de plusieurs Mortagnais qui ont contribué à la création du collège mais qui n’ont pu venir témoigner ou qui nous ont quitté :

M. Bruno Retailleau

M. Brosset (maire de Mortagne)

M. Dorgere ( Poste en responsabilité à la Mairie) 

Jean-Marc Herreng ( responsable du comité de pilotage 1980-1983)

Gérard L’Heriteau

Jean-Paul Sorin

Émile Ravon

Michel Chiron

Roger Drouin

Michel Guery

Francis Frouin

Guy Blouin

Michel Rousselot

Jean-Luc Goisneau

et de nombreux autres.